Le plaisir effacé - Clitoris et pensée by Catherine Malabou

Le plaisir effacé - Clitoris et pensée by Catherine Malabou

Auteur:Catherine Malabou [Malabou, Catherine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, Philosophie, Sexualité féminine
Éditeur: Rivages
Publié: 2020-11-12T09:12:28+00:00


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« Avec tendresse et respect pour la vulve innocente1 »

Dans leur rapport sur les « mutilations sexuelles féminines » de 2018, les sénatrices Maryvonne Blondin et Marta de Cidrac apportent deux précisions terminologiques essentielles au sujet de ce que l’on appelle trop rapidement (comme je l’ai fait moi-même) excision ou clitoridectomie2.

La première concerne l’expression même de « mutilations sexuelles féminines » (MSF), appellation désormais officielle en France. Cette dénomination est l’aboutissement de plusieurs formulations et reformulations engagées depuis la fin des années 1950, qui témoignent de changements de perception successifs.

« En 1958, quand l’ONU et en 1959 l’OMS se saisissent pour la première fois de ces questions, écrivent les auteures, les mutilations sont comprises comme des opérations rituelles fondées sur la coutume3. » À cette époque, l’excision est assimilée à la circoncision.

Toutefois, à partir du milieu des années 1970, ces « opérations » furent de plus en plus fréquemment considérées comme des violences faites aux femmes. D’où l’officialisation du terme « mutilations ». Alors qu’au Royaume-Uni, certains privilégient la notion de female genital cutting (FGC), et que la formule consacrée par l’OMS est celle de female genital mutilations (FGM), les pays francophones préfèrent parler de mutilations sexuelles féminines. En 2013, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) déclare que « la notion de mutilations sexuelles féminines renvoie à la notion de “violation des droits fondamentaux des fillettes et des femmes”, soulignant ainsi que “ces mutilations doivent avant tout être combattues sur le terrain des droits de la personne humaine” et ne pas “être réduites à [des] problématiques médicales” ni à l’“aspect biologique de la pratique” que sous-tend le terme de “mutilations génitales”4. »

La seconde précision concerne la reconnaissance de la diversité des mutilations sexuelles, ce qui marque aussi un grand changement par rapport aux années 1950. « La typologie effectuée par l’OMS en 1997 et révisée en 2007 fait apparaître trois principales catégories de mutilations, qui ont comme points communs d’être pratiquées sur les organes sexuels externes de la femme sans recommandation médicale :

– Type 1 – Clitoridectomie : ablation totale ou partielle du clitoris et/ou du capuchon clitoridien ;

– Type 2 – Excision : ablation totale ou partielle du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres ;

– Type 3 – Infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par ablation et accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans ablation du clitoris. La cicatrice ainsi générée devra être incisée au moment du mariage et/ou de l’accouchement. Ce type de mutilation, plus rare, semble localisé principalement en Afrique de l’Est ;

– Type 4 – Toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux5. »

Toujours selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme, une fillette ou une femme est excisée dans le monde toutes les quinze secondes. Sur 200 millions actuellement recensées, 44 millions ont moins de 15 ans. Un rapport de l’Assemblée parlementaire



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